Letipanda, l'interview

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Letipanda, l'interview

Bonjour Letipanda,
Voilà plusieurs semaines que nous suivons dans l'ombre tes travaux, ta créativité et ta bonne humeur nous ont convaincus de te proposer un partenariat. Néanmoins, il est temps d'en dévoiler un petit plus sur toi et ta passion du tricot.

Madlaine : Pour commencer peux-tu nous dresser un petit portrait rapide ?

Letipanda : Je m'appelle Mélina, j'ai 26 ans, et je suis mariée à un homme qui n'a pas peur des montagnes de pelotes que je cache ici et là dans notre appartement, pourvu qu'elles ne le touchent pas. Sur la toile, je suis connue sous le pseudo « Letipanda ». Un surnom que je me suis auto-attribué, car comme l'animal, je bénéficie d'une épaisse fourrure et de jolies cernes.

M : Quand es-tu tombée dans la marmite de la laine ? Qu'est-ce qui t'a poussé à te mettre au tricot ?

LTP : Je suis tombée dans la marmite bien avant ma naissance ! Ma maman était vendeuse en mercerie et tricotait des modèles Pingouin pour ses clientes. Lorsque je suis née, j'ai forcément été habillée avec du fait-main laineux. J'ai dû apprendre les bases vers mes 8/10 ans, mais n'y suis revenue qu'il y a quelques années, alors que j'avais raté les délais d'inscriptions doctorales pour la fac, j'ai donc eu une année à vide. Un soir d'hiver, par ennui/envie de m'occuper, j'ai ressorti une vieille pelote et les vieilles aiguilles de ma mère, et tic tic tic tic … Depuis, l'envie de tricoter ne m'a plus quittée et j'ai écumé la toile pour apprendre toujours plus.

M : Quelle place tiennent les arts du fils dans ta vie ?

LTP : C'est mon travail à temps plein. Mais, paradoxalement, je tricote beaucoup moins que lorsque ce n'était qu'un simple loisir. Je passe autant de temps, voire plus, à éditer, traduire, corriger, faire tester. C'est un peu frustrant parfois !

M : Tu crées tes propres patrons depuis quelques temps. Quel est le modèle qui t'a donné le plus de fil à retordre ? Quel est celui dont tu es la plus fière ?

LTP : Sans hésitation, BoGoss. C'est un patron pour homme créé suite à une sorte de défi lancé par une amie tricoteuse qui m'a dit « tu ne saurais pas faire ça ? » en m'envoyant un croquis par mail. Ce fut un gros challenge, beaucoup de travail, beaucoup de recherches et des testeuses en or. Je ne suis pas fière d'un patron en particulier. Ils m'ont tous apporté quelque chose. De nouvelles techniques, de nouvelles testeuses qui deviennent des belles rencontres, des améliorations dans ma façon d'éditer et de travailler. Ce sont des découvertes toujours intéressantes qui me font avancer un peu plus dans la voie laineuse, telle que je la conçois.

M : D'où te vient ce besoin de créer ?

LTP : Mon incapacité à respecter un patron à la lettre. Je suis une maniaque de la maille, du centimètre près, de l'amélioration constante, de la taille entre-deux manquante. Un jour, je me suis dit que si je passais autant de temps à refaire les patrons des autres pour qu'ils me conviennent, pourquoi ne pas créer mes propres modèles pour aller plus vite ?

M : As-tu des rituels lorsque tu tricotes? Et lorsque tu crées ?

LTP : Lorsque je tricote, je sors toujours l'ensemble des pelotes que je vais utiliser pour un modèle. Elles traîneront pendant au moins 3 semaines sur mon bureau, jusqu'à ce que je termine la bête. Il n'y a que comme ça que j'arrive à visualiser ma « productivité » (et puis, c'est toujours sympa de voir des pelotes partout hihi). Lorsque je crée, j'ai toujours un grand cahier avec moi avec 3 ou 4 crayons (car je les sème au fil de la journée) et je note tout ou presque. Y compris lorsque j'ai un « flash-création », que je gribouille aussitôt, on ne sait jamais.

M : As-tu une anecdote tricot à nous raconter : un lieu insolite, une rencontre inattendue, un projet fou ?

LTP : Comme beaucoup, je tricote dans le train, ou à la gare. Une fois, alors que mon train avait 3 h de retard, je n'ai pas pu m'empêcher de sortir mon tricot pour patienter. Évidemment, ce jour là, il a fallu que ce soit un tricot bien rose, bien voyant, et cela a attiré l’œil, entre autre, d'une vieille dame qui s'est assise à coté de moi pour papoter lainage. C'était la première fois qu'elle voyait des circulaires et était fort intriguée par leur fonctionnement, tant et si bien qu'elle m'a piqué mon projet des mains pour voir ce que c'était que ces « machins ». J'aime beaucoup ce genre de situation, où les générations se croisent, se comprennent et apprennent l'une de l'autre. Le dialogue se fait tout naturellement, c'est magique.

M : Y-a-t-il d'autres techniques liées aux arts du fil que tu souhaiterais expérimenter ?

LTP : J'adorerais teindre mes fils. Un jour peut-être … En attendant, je laisse cela à celles qui savent le faire, et bien le faire.

M : Qu'est-ce qu'on peut trouver comme type de fils dans tes armoires ?

LTP : De tout. J'adore tester. Une compo bizarre, une couleur superbe, un coup de cœur au toucher, une marque que je ne connais pas, ça finit dans mon armoire à laine. J'ai toutes les compos possibles, de toutes les grosseurs, de toutes les couleurs. J'aime me faire ma propre idée sur un fil. J'ai aussi beaucoup de fils à chaussettes, en grande addict au 2,5mm que je suis, mais pas assez de pieds pour toutes les tricoter en un coup !

M : Peux-tu nous parler de tes projets à venir ?

LTP : Il y en a plein ! Je prototype toujours autant. Dès qu'une idée germe, je la couche sur papier et elle s'ajoute à la longue liste en « devenir ». J'ai quelques modèles qui attendent leur tour pour être testé mais ce n'est pas ce qui m'occupe le plus. En ce moment, je suis sur un « gros projet », à mon échelle. Je travaille sur un site qui regroupera mes créations sous forme de boutique, mais aussi sous forme d'encyclopédie du tricot. Les différents tests que je mène avec mes modèles m'ont montré que les tricoteuses, quel que soit leur niveau, ont toujours envie de challenge, d'apprendre plus et d'être fière d'avoir réalisé quelque chose qu'elle pensait impossible quelques semaines, voire années, plus tôt. Mon but, avec ce site, c'est de créer un support à la fois pour mes modèles, mais aussi pour le tricot en général, sous format photos et vidéos, pour aider sur les points techniques, pour donner un appui visuel, pour mettre en confiance la tricoteuse. Ça me prend beaucoup de temps, mais c'est un projet qui me tient à cœur. Le tricot, c'est facile, quand on nous montre comment faire. Et rien ne me fait plus plaisir que de lire « grâce à ce modèle, j'ai appris ça, et en fait, c'est facile ! ». C'est ce que je veux partager.

Merci Letipanda (pas si bavard que ça ;) ) d'avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions ! Nous attendons avec impatience l'arrivée de ce site à présent.

Retrouvez les créations de Letipanda sur son blog: letipanda.wordpress.com et sur sa page Ravelry